The arms of the ocean are carrying me, and all this devotion was rushing over me • Khaleb & Ludivine

Messages : 294 Date d'inscription : 28/06/2012

Khaleb & Ludivine

The arms of the ocean are carrying me, and all this devotion was rushing over me

Une petite clochette indiqua que nous venions de recevoir du courrier. Impatiente de savoir si j’allais avoir des nouvelles de l’extérieur – Ana et Ninon ne m’avaient pas encore écrit depuis le début de l’aventure –, je me précipitai vers le cellier. Personne ne traînait dans les parages, j’allais au moins avoir la possibilité d’être la première à connaître les heureux destinataires. J’ouvris le petit casier qui faisait la liaison avec l’extérieur, lançai un sourire dans le vide au technicien que je ne voyais pas mais qui venait de faire une heureuse et parcourus le dos des lettres. Lorsque je vis mon nom écrit légèrement en italique, d’une écriture ronde et régulière, je fis un petit saut de joie. Je laissai sur l’étagère des pâtes le reste du petit paquet et quittai le cellier, toute impatiente de connaître l’identité de la personne qui m’avait écrit. Nous n’avions aucune indication au-dehors de qui ce pouvait être, les techniciens se chargeaient d’écrire nos noms sur le papier. Pour en savoir plus, nous devions ouvrir l’enveloppe et j’entrepris de déchirer l’ouverture pour pouvoir lire plus rapidement. L’absence d’en-tête me surprit un peu mais je poursuivis ma lecture en découvrant l’écriture de Julien. Puis soudain, le monde s’écroula autour de moi. Debout au milieu de la cuisine, je m’adossai contre le comptoir pour ne pas tomber. Une purée de mots durs, agressifs, méchants. Méchants, mais réalistes. Je venais de me faire plaquer. Pas par téléphone, pas par texto, non, par lettre. Devant la France entière, devant des dizaines de caméras. Je m’étais faite plaquée de la façon la plus violente qui soit, avec les mots les plus douloureux qui soit. Je repliai la lettre en deux et me dirigeai vers la pièce qui avait fait son entrée dans la maison depuis peu : la grotte de l’amour.

Arrivée à l’intérieur, je fus soulagée de constater que la pièce était entièrement vide. Je refermai la porte derrière moi et regardai les murs lisses et imitant la pierre qui se trouvaient autour de moi, puis le gigantesque lit aux bordures rouges et dorées. Une ambiance à la fois très romantique et très passionnelle. Une ambiance qui ne collait vraiment pas avec mon état, avec ce que je venais de lire. Je me laissai tomber assise sur le rebord du lit et sentis les larmes couler sur mes joues. Je venais de me faire plaquer par une des personnes les plus chères à mon cœur, par l’homme à qui je portais une pluie d’admiration, par le petit ami dont j’étais amoureuse. Dont je pensais être amoureuse, du moins. Mais n’avait-il pas raison ? N’étais-je pas allée beaucoup, beaucoup trop loin ? Mon comportement était inexcusable, je le savais. Je m’étais affichée avec tous les garçons de la maison, j’avais franchi les limites du raisonnable pour une femme en couple. De colère, je me levai, froissai la lettre qui tenait toujours dans ma main droite et la balançai par terre à une vitesse folle avant de me lever et de donner un violent coup de poing dans le mur. Très masculine comme réaction mais à la hauteur de la frustration et de la honte que je ressentais à ce moment-là.

- Merde ! hurlai-je à la fois de colère et de tristesse, mais aussi de douleur à la vue de ma main qui prenait à une vitesse fulgurante une couleur quelque part entre le bleu et le violet.

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Messages : 164 Date d'inscription : 23/06/2012 Age : 27

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J'avais du mal à me dire que, désormais, je n'avais plus de secret à cacher. Que désormais, tout ce qu'il me restait, c'était un message. Un message pour tout les enfants et adolescents atteint d'anorexie. Cette maladie m'avait bouffé, elle m'avait détruite. Pendant des années j'avais sombré, j'avais coulé sans avoir le reflèxe de me rattraper à ceux qui m'aimaient et qui tenaient à moi. J'avais juste l'impression de souffrir, je n'avais même plus envie d'ouvrir les yeux, pas pour souffrir encore plus de voir que le monde continuait de tourner alors que peu à peu je m'en éloignais. J'étais pris de crises d'angoisse, j'avais été victime de deux attaques cardiaques dont la seconde qui m'a laissé inconscient plus d'une semaine. Peut être auraient-ils dû couper la pompe, je serais juste partie. Tout aurait été fini, je n'aurais plus eu peur, je n'aurais plus eu mal du tout, tout aurait été si paisible...
J'allais bien. J'allais bien excepté les insomnies présentes depuis la révélation. La nervosité toujours présente dans mes tissues, l'impression lancinante que quelque chose était sur le point d'arriver. On appelait ça, l'hyper-vigilance, le sentiment quasi-omniprésent que quelque chose va fondre sur nous. Il fallait que j'apprenne à nouveau à reprendre les rênes, que je redevienne maître de ma vie. Désormais, je pouvais être moi, je n'avais plus à me taire. Je pouvais passer du temps à penser à mon père ou au petit garçon sans jamais devoir mentir sur le pourquoi ça me rend aussi mal.

C'est dans ces moments-là que tu te rend compte que t'as besoin de parler ou de voir les gens. Parce que tout pourrait s'arrêter, comme ça, d'un coup. D'habitude, c'était à Caroline que je parlais. Elle avait toujours été là, ma meilleure amie, celle qui ne m'avait jamais laissé. D'un geste nerveux je passais une main dans mes cheveux et descendais de mon lit, me dirigeant vers la pièce récemment découverte. Là-bas, je serais peut être plus tranquille ? Aucune idée, j'avais envie de la voir. Mes pas me menèrent bientôt jusque dans la pièce et un juron me fit relever la tête. Ludivine ? Je déglutis, avant de poser mon regard au sol et de voir une lettre froissé.
KHALEB- A croire qu'elles finiront toutes comme ça...
Tentative de vanne, loupé. Je n'avais pas vraiment reparlé à Ludivine depuis la révélation de mon secret la journée précédente. Je savais pas si elle me voyait toujours pareil, si je la dégoûtais à cause de mon problème de poids, si j'avais perdu toute valeur ou je ne sais quoi d'autre. Alors j'osais pas bouger, j'osais pas aller la prendre dans mes bras, j'osais pas l'embrasser comme j'en rêvais encore la nuit.

Messages : 294 Date d'inscription : 28/06/2012

Khaleb & Ludivine

The arms of the ocean are carrying me, and all this devotion was rushing over me

Quelqu’un approchait, j’en étais certaine. Je sentais des pas feutrés, quelqu’un qui venait sans vouloir se faire remarquer. Sûrement pour être tranquille, comme j’avais voulu le faire. Pourtant, la place n’était pas libre. J’étais là et j’espérais bien que la personne ferait demi-tour pour me laisser respirer, seule. J’avais besoin d’être seule. Le candidat ne se dégonfla pas et je pus voir Khaleb passer sa tête par l’entrebâillement de la porte. Ce n’était pas le moment propice pour être tranquille, apparemment. Il tenta d’apaiser la tension qui régnait dans l’air, à l’intérieur de la grotte en me disant que toutes les lettres finiraient froissées par terre. Je n’arrivai pas à décrocher un sourire. Les mots que je venais de lire pesaient encore sur ma conscience, lourds comme de la pierre, détruisant le moindre sentiment de bonheur et de plaisir que je pouvais ressentir. Tout s’était écroulé.

- Je suis la reine des connes. soupirai-je les dents serrées, le cœur lourd, comprimé, suffocant.

Je pensais à Julien, à la rage qu’il avait pu ressentir en écrivant ces mots. Il les pensait, j’en étais certaine. Comme la moitié de la France devait le penser maintenant : je faisais souffrir tout le monde, j’y prenais un certain plaisir. Je jouais avec les cœurs, avec les sentiments. Ce n’était pas ce que je voulais, et j’étais sincère quand je le disais. Jamais je n’aurais pu penser avant d’entrer dans la maison que ma relation avec Julien en pâtirait. Ce qui était fait était fait, je n’y pouvais plus rien désormais. Je n’avais plus que mes yeux pour pleurer. Je me tournai vers Khaleb et m’assis à nouveau sur le rebord du lit, ouvrant et refermant ma main endolorie par la dureté du mur.

- Je me suis faite larguée, j’ai mérité tout ce qui m’arrive. J’ai plus que mon secret, et j’en ai tellement marre que j’ai envie de le balancer à tout le monde pour me faire virer de cette putain de maison de merde.

J’avais sorti tout ça sur un ton très calme, qui présageait la colère noire qui était en train de monter en moi. Ce mélange de chagrin, de soulagement, de nostalgie, de besoin et de lassitude. Cette explosion de sentiments.

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