Je suis entrain de jouer à la dinette quand soudain le téléphone sonne. Ma mère décroche, moi je viens à l’embrasure de la porte pour écouter. Mais quand j’arrive ma mère ne dit plus rien, je vois juste son visage se décomposé et les larmes lui montaient aux yeux. Je ne comprends pas, je n’ai que 10 ans à ce moment là, je regarde tout autour de moi, et c’est seulement quand mon regard se pose sur l’horloge que je commence à comprendre de quoi il s’agit. Mon père n’est pas encore rentré, pourtant son service devrait être déjà fini. Je me retourne vers ma mère, les larmes coulant sur ses belles joues rosées. Qu’est-il arrivé à mon père ? Il a eût un accident, c’est ça ? Non, si c’était le cas ma mère ne serait pas muette comme cela. Non ! Non ! Et non ! Ne me dites pas ça !! Je viens de comprendre. Mon père était mort lors d’une intervention. C’est à ce moment que ma mère répond une dernière fois par l’affirmation avant de raccrocher. Je cours me réfugier dans ses jambes et nous éclatons en sanglot l’une comme l’autre.
C’est à ce moment que je me réveille. Cela faisait longtemps que je n’avais plus rêvé de cela. Il faut croire que la discussion avec Gaël m’avait fait remonté ce mauvais souvenir, un souvenir encore très douloureux pour moi. Ce cauchemar je l’avais fait des centaines de fois après la mort de mon père. Il m’avait amené à des nuits et des nuits d’insomnies, ne pouvant pas oubliés ces images. Maintenant j’étais adulte, je devais bien être à même de faire disparaître tout ceci de mon cerveau afin de pouvoir dormir tranquille. Et pourtant non, tous mes efforts sont en vain, je n’arrive pas à retrouver le sommeil. Je décide donc de sortir de la chambre et d’aller prendre l’air. La nuit est plus fraîche qu’à Toulon ici, j’avais presque failli l’oublié. J’allais m’installé sur un transat afin d’observer le ciel étoilé. Quand l’envie de dormir me reprendrait alors je me déciderais peut-être à rentrer. Pour l’instant il fallait que je me vide la tête, sinon c’était l’insomnie assurée. Si Vin le savait, il en serait malade. Il n’aime pas me voir comme ça. Il ne m’a peut-être pas connu quand j’étais petite, mais lors de mes premières missions chez les militaires, avant d’intégrer les rangs d’Interpol, les morts que j’avais vu au combat ne cessaient de me rappeler mon père. J’avais passé un moins un mois sans dormir plus de deux heures par nuit et durant toutes ces nuits, alors que Vin aurait pu dormir tranquillement avec les autres, il venait me rejoindre dehors et discutait avec moi jusqu’à ce que je m’endorme. Je ne sais toujours pas comment un jour je pourrais lui rendre la pareille. Perdu dans mes pensées, je n’avais pas entendu que quelqu’un m’avait rejoint. C’est lorsque cette personne m’adressa la parole que je m’en rendis compte. Sans me retourner je reconnus immédiatement la voix de Juliette. Un sourire s’afficha alors sur mon visage.

Un petit coup d’œil sur le côté me suffisait pour confirmer qu’il s’agissait bien de Juliette. J’avais de bons souvenirs ici avec elle, en fait c’était mon meilleur souvenir. Oui cette bataille d’œuf à travers le salon alors que nous étions censés faire à manger pour les autres. On avait évité l’engueulade par la Voix, heureusement. Quoique... cela aurait pu être marrant aussi. Pourquoi on ne réitérait pas l’expérience, juste pour voir la réaction de la Voix ? Ah mais non, il n’est ni question de ça, ni l’heure pour cela. C’est vrai qu’à 3 heures du mat’ on est censée être entrain de dormir. Elle me demande comment je vais. Qu’est ce que je devais le répondre ? Mal parce que je venais de revivre le soir de la mort de mon père en cauchemar, ou bien car j’étais contente d’avoir pu réintégrer la maison même pour une semaine. Mal serait peut-être ce qui conviendrait le mieux car je pensais à Vin à l’extérieur... Il a un instinct protecteur envers moi comme si j’étais quelqu’un de fragile, donc me voir les larmes aux yeux lorsque j’avais parlé de mon père à Gaël avait dû le rendre malade. J’allais sûrement méchamment me faire engueuler à la sortie, mais tant pis, cette discussion avait été nécessaire. Je tournais la tête vers elle, juste le temps la voir s’emmitoufler un peu plus dans son sweat ; et quand je pense que je suis en débardeur moi, malgré la fraîcheur de la nuit.

••• Ca va, comment cela ne pourrait pas aller après avoir pu retrouver mes proches à l’extérieur puis avoir eu la possibilité de venir passer une semaine de plus avec vous ?

Ouii bon d’accord, je disais plus ça pour m’en persuader. Je complétais le tout par un sourire, impossible de douter de la sincérité de mes propos. Du moins, cela dépend si Juliette est douée pour voir quand on dit la vérité ou pas. Pour le coup je mettais pas mal débrouiller pour que ça semble vrai donc cela ne devrait pas poser de problème, je l’espérais... car je n’avais nullement envie de devoir parler une deuxième fois de la mort de mon père. Pour éviter toute éventuelle question je décidai d’enchaîner.

••• Et toi alors ? Te vois-tu gagner Secret Story 6 ? T’es contente de pouvoir enfin sortir de là-dedans ?

Oups, ça va finir par ressembler à un interrogatoire tout ça. En plus vu l’heure je ne sais pas trop si elle a envie de s’épancher sur tout le sujet. Je la voyais bien gagner Secret Story n’empêche. Je n’ose même pas imaginer sa joie. Je l’ai toujours connu un peu fofolle Juliette, donc je m’imagine bien la scène sur le prime.