Toutes des crétines? + stanley

Messages : 320 Date d'inscription : 12/07/2014

Stanley venait de révéler son secret. Et j'avais le sentiment de m'être prise une claque en pleine gueule. Il m'avait mentie. Trahie. Utilisée. Et en plus de cela, il n'était pas celui que je pensais. Là où je voyais en lui un type un peu lourd, mais super sympa, le genre de types que j'apprécie, il s'avérait en fait être un macho, qui n'avait aucun respect envers les femmes. Toutes plus crétines les unes que les autres qu'il avait dit. Il était aussi le genre d'hommes à prendre le mensonge à la légère, comme si cela était normal. Je ne savais pas mentir, je ne voulais pas mentir. Cela faisait trop de mal de cacher la vérité. Là il m'avait tout caché. Il avait tout gâché. Son secret, je m'en fous, je suis même triste pour lui, je me doute que ce ne soit pas être évident. Les regards des gens qui le prennent pour un pervers, je connais que trop ça. Mais le problème, c'est sa façon d'en parler, sa façon de le présenter, sa façon de se présenter lui même en pervers, en macho, et en profiteur des femmes...
Ses mots tournaient en boucle dans mon esprit. Toutes des crétines. Toutes des crétines. Je ne suis pas un connard. Toutes des crétines. De quel droit peut-il encore parler de noble vie après avoir parlé de 153 crétines? Un junkie souffre. Un junkie n'est pas fier de son addiction. Un junkie ne compte pas ses défonces. Lui présentait cela comme un tableau de chasse.

J'avais la rage.

Vraiment.

J'avais besoin de penser à autre chose, de penser à d'autres personnes. Suis-je mauvaise moi aussi? Ce que je leur cache, ce secret, ce n'est pas comme le sien. Je respecte les autres, je ne cache pas mon irrespect pour des personnes. J'avais mangé. Bu. Pris ma douche. Je pensais toujours à ça. Alors j'avais fait ce que je n'avais plus fait depuis des années. Je m'étais mise à lire. Pour oublier. Un livre que ma fille m'avait passé, un livre que ma fille m'avait conseillé. Les aventures des orphelins Baudelaire. J'étais plongée dans le premier tome, vautrée sur mon lit, quand j'ai senti une ombre au-dessus de moi. Il me regardait. Je ne sais pas trop si j'ai envie de lui parler là maintenant. Ses mots m'ont déplu. Je n'ai pas apprécié. Je continue ma lecture.

Messages : 485 Date d'inscription : 01/07/2013 Age : 28 Localisation : Paris

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Révélations, Mal être. Les filles de la maison, déjà qu'elles ne me portent pas dans leur coeur, sembles décidément s'éloigner de toute relation. Je reçois des Tweets insultants, mais comme je l'ai dit, Stanley Gibson est intouchable. Enfin si, quelque chose m'a fait mal, étrangement. Le départ de Charlie après la révélation était comme un poignard dans le coeur. J'y réfléchissait. La nuit porte conseil. Comment allais-je expliquer le connard que j'étais à ma Bro depuis le début de l'aventure? J'avais utilisé de mauvais mots, mais sur le coup, je n'avais rien préparé, j'étais persuadé que personne ne le trouverait, ce secret.

Sur le coup, c'était bizarre, je me sentais dans la peau d'Antoine, mon best bro. L'homme qui tombe amoureux de n'importe quelle femme et dans lequel j'ai retrouvé Noah. Lui aussi avait fait sa revelation, et c'était Art qui avait trouvé son secret. Bravo Art. Je comprenais à présent le problème d'Antoine. Erotomane.

Les événements se sont enchaînés, et pour la première fois depuis 9 ans, je suis là, à me poser des questions comme un gosse au lieu d'agir sans réfléchir, au lieu d'agir spontanément. Ca faisait bien longtemps. Mais il faut que je garde cette spontanéité, ça faisait tout son charme, c'était un des bons côtés de Stanley, sa spontanéité, sa franchise (par franchise, je parle qu'il dit ce qu'il pense sur l'autre, mais jamais rien sur soi-même). Me revoilà prétentieux, je parle de moi à la troisième personne.

Il fallait que j'effectue un grand travail sur moi-même. Stanley n'est pas un mauvais bougre, mais cette addiction au sexe me rend fou. Je ne vais plus pouvoir supporter longtemps le manque; Déjà 1 mois dans la maison des secrets, et croyez-moi, c'est plus dur que jamais.

Alors je me levais, et allais vers le lit de Charlie. Écarquillais grand les yeux. Elle lisait. Les orphelins Brodelaire (je pouvais pas m'en empêcher). J'aimais bien, J'étais sûr que l'un d'entre eux allait devenir comme moi.

Et puis j'attends, la solitude; Elle ne daigne pas me parler. Et pour la première fois depuis que Charlie est mon amie, je lui parle sincèrement, sans avoir de blagues derrière la tête :

"Alors? Tu n'as rien à me dire?"

Messages : 320 Date d'inscription : 12/07/2014

L'incendie de la maison de leurs parents les avait rendus orphelins. Orphelins de parents. Orphelins de famille. Orphelins d'amis. Orphelins de tout. Ils étaient livrés à eux-mêmes. Et je me demandais pourquoi ma fille m'avait conseillé ça. Les différences entre elle et moi me sautent aux yeux un peu plus chaque jour. J'aimerais savoir la suite de ce bouquin, mais là, je n'arrive pas à me concentrer dessus. Parce que je sens sa présence là, juste à côté de moi, juste au-dessus de moi. Il me regarde. D'en haut. Je reste là, à lire, ou plutôt à faire semblant de lire. Mais je n'arrive plus. Je veux qu'il parte. Je ne suis pas sure d'avoir envie de lui parler maintenant. La trahison est trop récente, le mensonge trop impregné. Je m'attends à l'entendre me sortir un "alors bro on se high five?" ou je ne sais quelle blague idiote. Mais non. Il me demande si j'ai quelque chose à lui dire. Je ferme le livre. Agacée. Et je le regarde, droit dans les yeux. Pour la première fois depuis que je sais. Depuis qu'il a tenu ces mots.

Je crois plutôt que c'est toi qui as quelque chose à me dire, sinon tu serais pas venu m'emmerder quand je lis...

Je me rends compte que mon ton est cassant. Dur. Je m'en veux, mais je n'en montre rien. Je lui en veux en fait. D'avoir eu ces mots, et d'avoir tout gâché. Parce que je l'aimais bien, je m'en rends compte, et je le sais. Je l'aimais bien ce gars, ce pauvre gars un peu paumé qui voulait se la jouer, je l'aimais bien. Mais il m'a déçue. Il ne répond pas, il reste là à me regarder. Son manque de réaction m'agace encore plus. Je voudrais qu'il dise quelque chose, qu'il s'explique, qu'il me dise je ne sais pas quelque chose. N'importe quoi. Mais qu'il ne reste pas là, sans rien faire. Sans rien dire.

Ooooh. Je vois. Je dois être trop crétine pour comprendre faut croire...

J'ouvre à nouveau mon livre et je fais semblant de me replonger dedans. Je n'ai plus la tête à cela. J'aimerais qu'il dégage. Mais je veux qu'il reste. Qu'il s'excuse. Qu'il se taise. Qu'il ferme sa grande gueule. Qu'il parle sans cesse. Qu'il s'explique. Oui voilà, qu'il s'explique. Le temps des bro est bien loin. Là, je ne comprends plus notre relation, elle était basée que sur du faux. Sur du mensonge.

Messages : 485 Date d'inscription : 01/07/2013 Age : 28 Localisation : Paris

Je voulais qu'elle parle, qu'elle me rassure, qu'elle me dise que ce n'était pas si grave, d'avoir trompé autant de demoiselles qui n'avaient rien demandés, d'avoir trompé sa confiance et notre relation, d'avoir menti, je ment toujours. La vérité n'existe pas, tu ne peux pas savoir ce que je pense, ce que je ressent, mon expression est toujours la même, je ne dévoile pas mes émotions à n'importe qui, et même à personne. Je n'ai encore trouvé personne à qui me confier. Je m'en rends compte qu'à présent. Toujours la même expression. Toujours ce sarcasme et ce machisme qui n'est que le masque de ce que je ressens réellement. Pour Charlie, je ressens un sentiment autre que de l'amitié. C'est pas de l'amour, pas de la haine, mais pas de l'amitié. C'est tout autre chose. C'est le genre de truc qui m'a inspiré pour le Stan Code. Charlie n'est ni ma muse, ni mon amie, ni ma sœur, ni ma mère, ni mon coup de cœur, ni mon ennemie, ni une inconnue. Charlie est ma bro. Une bro, une vraie de vraie. La définition même du mot Bro.

Mais je l'ai salie, alors elle réponds, je ne dis rien, je ne sais pas quoi dire, ma mission cette fois est plus compliquée que toutes celles que j'ai eues auparavant, ce rôle est le plus compliqué. Il n'est pas dans la Bible de la drague car le but final n'est pas de ramener la meuf dans son lit. Ce rôle est le plus dur des rôles que j'ai concocté. Et il fallait pourtant que je tente de le jouer ce rôle.

Stanley a écrit:

Technique numéro X : Le Stanley

Chances de réussite : Infime
Difficulté : Extrême
Attire : Charlie
Inconvénients : Être soi-même

Etape 1 : Soyez vous même
Etape 2 : Récupérez là

Je ne l'avais pas écrit, je venais de le penser. Le "Stanley" est finalement le rôle le plus difficile pour un type qui n'a pas été soi-même depuis la nuit des temps. Et donc c'est pour ça. Pour ça que je ne parlais pas. Je réfléchissait, truc que je ne faisais jamais avant Secret Story. Tout mes rôles, tout ceux dont j'ai usés pour amener 153 filles à coucher avec moi, étaient spontanés. J'en ai fait des loufoques. Mais celui-là demandait plus de réflexion. Que dire... Les secondes passent, interminables. Je ne l'aime pas, c'est pas de l'amour. Ce n'est pas de l'amitié. Me justifier? Pourquoi faire? Comment justifier l'injustifiable? M'excuser? De quoi? D'avoir couché avec 153 femmes différentes? Quand on est addict, on n'y peut rien. M'y voilà, je me prenais un sévère retour de flamme. Overdose. Coma cérébral. Je suis un légume. Je ne sais que dire.

Toutes des crétines. Oui, toutes des crétines. Quelle femme sensée aurait accepté de coucher avec moi? Donc oui, je ne regrette rien, toutes plus crétines les unes que les autres. J'ai passé de bons moments, mais j'en ai perdu la raison. Trop d'euphorie mène à la folie.

Alors je reste là, immobile, tandis qu'elle se replonge dans son bouquin. Dois-je la déranger? Est-ce que je ne l'ai pas assez déçue, Vais-je utiliser les bons mots?

"Désolé"

C'est tout. "Désolé". Toute cette réflexion pour un Désolé. C'était pas moi-même ça. Mais comment pourrais-je être moi-même alors que je ne sais même pas qui je suis. Je suis perdu, perdu entre mes rêves, mes promesses et mes mensonges, c'est l'enfer. D'un seul coup, l'avenir est flou. Que vais-je faire en sortant? Que vais-je devenir?

J'ai une expression neutre sur le visage, Charlie a relevé la tête. C'est une femme magnifique, son home à de la chance, Loanne a de la chance. Je baisse les yeux, je baisse mes armes, face à l'adversité. La guerre est perdue, prenez mon âme. Enfin ce qu'il en reste de ce fantôme meurtri et blessé. Demain, je sais que j'aurais oublié cette réflexion, mais là je ne peux pas, c'est plus fort que moi.

Une larme glacée coule le long de ma joue. Une seule larme. Stanley l'intouchable, vient de pleurer à la télévision. Mais qu'une seule larme, qui descend, longtemps, avant de finir sur la couette de Charlie; Une larme éphémère, comme l'instant de jouissance qui m'a rendu addict. Ces 5 secondes de bonheur sont les plus belles du monde. Mais ce n'est que 5 secondes. Et c'est ces 5 petites, minuscules, ridicules secondes, qui régissent ma vie. Je suis peut-être pas si génial que ça. Suis-je un raté?

La larme laisse une trace indélébile sur mon visage, je regarde Charlie droit dans les yeux. Après ces longues secondes de réflexion, je pus enfin sortir maladroitement ces quelques mots :

"Je suis peu fier de mon secret. Je ne m'en rends compte qu'à l'instant où je perds tout ceux qui me sont chers, et t'en fais partie. Comprends bien que notre histoire n'est pas un mensonge. Je t'aime énormément, tu es ma bro. Nos âmes se ressemblent et se complètent. Ne m'abandonne pas au tournant de ma vie Charlie, je peux changer. Je ne suis pas encore totalement perdu"

Un petit sourire :

"Je resterais un petit con egocentrique, mais je vais combattre mon addiction, tomber amoureux pourquoi pas, fonder un foyer. Je voudrais une fille. Tu sais, jusqu'à présent, je n'ai pas respecté les femmes que j'ai côtoyées. Tout simplement car je les trouvait stupide de coucher avec un raté comme moi. Un mec vient te voir et dit que son pénis exauce des vœux, tu vas coucher avec lui? Non. Et bien pour moi ça a marché. Et j'ai tellement d'autres histoires qu'on peut y passer la nuit !"

Encore une fois, je plonge mon regard dans celui de Charlie :

"Et désolé, désolé pour la grande toile de mensonges qui s'est dressée entre nous. Je ne voulais faire de mal à personne. Je veux être moi-même avec toi, je ne veux pas jouer un rôle, à part : Le Stanley, le vrai."

Je levais la main, et puis tentait quelque chose, avec une tête de chien battu, mais un petit sourire mélancolique, comme pour me rappeller du bon vieux temps :

"High Five?"

Ce bon vieux temps qui était juste la veille. Charlie, aide moi à me sentir mieux, je t'en conjure, il faut que tu m'aides.

Messages : 320 Date d'inscription : 12/07/2014

Désolé. Ce mot résonne dans la pièce. Comme un courant d'air, je sens le froid envahir mon corps. Pourquoi j'ai froid? Je retombe sur terre en l'espace de deux secondes, en l'espace d'un mot. Une claque en pleine gueule. Avec ce simple mot. Désolé. Un des plus sincère que je n'ai jamais entendu de ma vie. Je vois une larme sur sa joue. Une seule. SYmbolisant toutes les autres. Toutes celles qui n'ont pas coulé, toutes celles qui devraient couler mais qui refusent de le faire. Symbolisant toutes celles qui n'ont plus coulé depuis des années. Une larme venant du fond de son âme, venant de lui. De ce vrai lui. Et ça me glace le sang. Et je comprends pas pourquoi. Je lui en veux encore. Des mensonges. Des mots. Mais là. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Le livre me tombe des mains, sans un bruit, il retombe sur le lit. Je ne le remarque même pas. Il baisse les yeux. Je fais de même. Et je vois cette goutte, cette goutte salée atteindre mon lit, sans un bruit elle aussi. Tout tombe autour de nous. Nos carapaces tombent. Sa larme. Mon livre. Ce derrière quoi on se cachait tombe. Sans un mot. Sans un bruit. Comme si cela n'avait pas réellement existé. Et pourtant ça existe. Silencieusement. Je relève le regard et le fixe. Son visage m'est inconnu. Comme si je le rencontrais pour la première fois. Comme si son visage m'était une révélation, sa larme l'a lavé. De tout. De ses mensonges. De ses beaux discours qu'il nous sert sans raison. Je reste là, à écouter ce qu'il dit. Et ses mots me touchent. Ils sont propres, lavés. Neufs. Nouveaux. Inconnus.

C'est cette main qui me tord les boyaux. A l'intérieur de moi. La colère que j'ai eu. Je la comprends, elle n'a rien à voir avec lui. Elle a à voir avec moi-même. Avec mes problèmes personnels. Avec mon intolérance du mensonge. Avec ma trop grande défense des femmes, à cause de ma trop grande volonté de faire respecter les femmes. Cette main qui m'enserre les trippes et qui me donne la nausée, quand là, face à lui, je comprends que j'ai laissé tomber quelqu'un. Quelqu'un dans le besoin. Quelqu'un qui avait besoin d'une présence. De ma présence. Quelqu'un qui est plus qu'un quelqu'un. Cette main qui me brûle de l'intérieur quand je comprends que j'ai laissé tombé un ami au moment où il découvre enfin qui il est, comme on m'a moi-même laissé tomber à cette même période de ma vie où je découvrais que j'avais besoin d'écoute. Il a besoin d'aide et je lui ai tourné le dos. Parce qu'il n'a pas été assez fort pour parler avec son coeur aux autres comme il me le fait à moi en ce moment. Parce que je suis restée sur les termes qu'il a employés. Oui c'est un connard, mais un connard qui a besoin d'aide. L'autre jour, je ne le croyais pas quand il disait vouloir qu'on l'aide. Aujourd'hui il ne me le demande pas mais je le crois quand il ne me le dit pas. Je sais qu'il a besoin d'aide. Je ne sais pas si je pourrais lui apporter cette aide, mais j'ai envie de l'aider. Mais je suis trop faible. Trop lâche. Trop incapable. Incapable de l'aider alors que moi-même j'ai besoin d'aide. Incapable de le sortir du mensonge dans lequel il s'est plongé pendant des années alors que je n'arrive pas encore à me sortir de ce mensonge dans lequel on m'avait plongée. Incapable d'aider quelqu'un parce que je ne sais pas comment faire. Parce que je n'ai pas les mots. Parce que j'suis pas poète, parce que j'ai pas l'QI de quelqu'un qui fait des belles phrases, parce que j'arrive pas à aligner trois phrases sans sortir un gros mots. Je ne peux pas l'aider parce que je ne sais pas comment on fait, parce que je n'ai jamais appris. Je voudrais l'aider, je comprendre maintenant que j'aimerais l'aider, mais je sais que je ne peux pas.

Et ce froid qui monte en moi, le froid de la colère ratée, le froid de la colère inutile, le froid de mon indifférence, le froid de ma trahison. Ma trahison envers Stanley. Ma trahison envers un ami. Pourquoi n'a t-il pas dit cela l'autre jour? Pourquoi faut-il qu'il se cache toujours? Pourquoi faut-il toujours qu'il réserve celui qu'il est vraiment pour les moments de solitude, les moments d'intimité? Sait-il seulement qui il est? Qui suis-je pour juger quelqu'un qui s'est perdu quand moi-même je ne sais pas qui je suis? Nos âmes qui se complètent. Les regards qu'on me lance à moi lorsque je parle de ma vie amoureuse, ce sont les mêmes regards que les autres ont posé sur Stan le jour de sa révélation. Suis-je pour autant un monstre? En est-il un? Oui nous aimons. Différement des autres. Et alors? Il aime l'aspect physique, il est addict, il ne peut s'en passer. J'aime différement de tout le monde. J'aime de façon que personne ne comprend. Nos âmes qui se ressemblent, oui elles se ressemblent et se complètent. Et j'ai envie de lui dire que ce n'est pas grave. Qu'il est malade, que ce n'est pas de sa faute, mais je n'y arrive pas. Parce que je ne suis qu'une crétine. Et ce sont mes mots. Pas les siens. Oui, je ne suis qu'une crétine. Une sacrée crétine. Et j'ai envie de lui dire que je n'ai pas à le juger, qu'une amie ne juge pas, et que je ne suis pas son amie. Que je ne mérite pas de l'être. Mais rien ne sort. Je reste là, bêtement à le regarder. Avec des grands yeux. J'ai envie de lui raconter, de lui parler de ma fille, de la vie que je mène dehors, j'ai envie de lui parler de ma petite bande, j'ai envie de lui parler de ce que je cache ici de peur d'être mal vue. J'ai envie de lui dire qu'on se ment tous. Que c'était hypocrite et idiot de ma part de croire qu'on pouvait avoir une relation normale ici, parce que tout le monde ment. Tout le monde cache des choses aux autres. Et pas seulement notre secret. Je me rends compte de mes propres mensonges, et je me dis que je ne suis pas mieux que lui. Je suis une crétine. Une salope aussi surement. Je suis une menteuse, je mens sur les gens, sur ce que je pense d'eux. Je mens 7 jours sur 7 et 24h sur 24 pour cacher mon secret. Je mens à tout le monde ici. Et je cache d'autres choses aussi. Parce que je ne veux montrer qu'une image de moi-même. Ce que je montre, ce n'est jamais tout à fait moi. Et je me rends compte que moi qui hurle que je ne supporte pas le mensonge, je suis la première à mentir. Quelle leçon est-ce que je donne à ma fille? Je lui apprends que le mensonge permet de gagner de l'argent, c'est ça? Et je lui montre que sa mère est une lâche.

Le coup est dur. La claque en plein visage. Le coup de pied en plein cul. Je reste là, sans bouger. Et je comprends avec les mots de Stan. Ce que je me cachais à moi-même. Je mens à tout le monde. Qui suis-je pour le juger?

Je ne parle toujours pas, je n'ai pas à parler. Pas après ce que je viens de comprendre. Les mots sont faux, ils sont menteurs, je suis fourbe. Alors j'agis. Je me lève. Et là où il me demande un high five, je le prends dans mes bras. Et un seul murmure. Dans son oreille. Un mot.

Crétin!